Une étude réalisée par l’Insee et l’Institut Paris Région dévoile la proportion de résidences principales énergivores en Île-de-France. Classées E, F ou G selon le diagnostic de performance énergétique (DPE), ces passoires thermiques représentent 45 % des biens situés dans la région.
Des passoires thermiques en nombre
Selon l’étude menée conjointement par les deux instituts, près de la moitié des biens situés en Île-de-France pourraient prochainement être concernés par une interdiction de location, en raison de leurs performances énergétiques en deçà du seuil d’indécence énergétique établi par le décret du 11 janvier 2021. Si l’on considère uniquement les logements locatifs privés, la proportion de passoires thermiques atteint les 55 % ; le pourcentage de logements classés E à G occupés par leur propriétaire est de 48 %. Quant aux logements sociaux, qui bénéficient d’une gestion plus centralisée, la part de biens énergivores se limite à 29 %.
Il est important de noter que cette étude s’appuie sur des chiffres de 2018, correspondant donc à l’ancienne version du DPE, basée sur les factures fournies par les propriétaires des logements en question. Pour rappel, le mode de calcul du DPE, actuellement au cœur de vives critiques, a fait l’objet d’une réforme au cours de l’année 2021. Malgré ces modifications, Martin Omhovère, directeur du département Habitat à l’Institut Paris Région, assure que « les ordres de grandeur sont les bons, et s’ils doivent être ajustés, c’est plutôt à la hausse ».
Les copropriétés en ligne de mire
Pourquoi de tels chiffres dans le parc locatif privé ? La raison est simple : souvent situés dans des copropriétés, ces logements privés sont plus difficiles à rénover. Les ménages qui occupent ce type de biens sont plus souvent modestes et ne disposent, par définition, pas de l’assise financière suffisante pour réaliser une rénovation ou faire face à une hausse du loyer que peut entrainer des travaux de cette ampleur.
Cependant, comme le précise Franziska Barnhusen, cheffe de projet à l’Institut Paris Région : « que ce soit dans le parc en propriété ou dans le parc locatif privé, il y a systématiquement un écart entre le niveau de vie des ménages qui occupent le parc énergivore et les autres. » Une situation qui démontre la vulnérabilité des foyers occupant les biens considérés comme des passoires thermiques.
Par ailleurs, selon les auteurs de l’enquête, les travaux de rénovation menés jusqu’à présent, destinés à augmenter la performance énergétique des logements, se montrent à la fois peu efficaces et ne ciblent pas forcément les biens les plus pertinents. Parmi les principales causes identifiées : des dysfonctionnements propres aux copropriétés et des propriétaires de maisons individuelles qui ne se focalisent pas sur ce type de travaux.
Pour rappel, la loi Climat et résilience a établi un seuil minimal qui conditionne notamment la possibilité de mettre son bien en location. Les premiers biens concernés, ceux situés sous le seuil de l’indécence énergétique, ne pourront plus être loués à partir du 1er janvier 2023. Une interdiction qui concernera les logements classés G dès 2025, les biens classés F à partir de 2028 et ceux classés E en 2034.