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Contesté depuis sa création, le nouveau DPE (diagnostic de performance énergétique) fait une nouvelle fois l’objet d’une polémique. Le dispositif, qui aurait servi à dresser le profil énergétique de 1,9 million de logements sur l’année 2022, ne serait tout simplement pas fiable. Un manque de fiabilité qui aurait notamment de lourdes conséquences pour les propriétaires qui mettent leur bien en vente ou en location.
Le DPE au cœur d’une nouvelle polémique
Revu et corrigé en juillet 2021 à la suite de divers dysfonctionnements constatés, le DPE peine toujours à convaincre. Censé avoir gagné en précision et en performance, ce nouveau DPE est régulièrement pointé du doigt pour son manque de fiabilité. En octobre dernier, c’est l’association 60 millions de consommateurs qui avait révélé de fortes disparités dans les résultats pour des biens similaires dans le cadre d’une étude s’appuyant sur 20 diagnostics. Quelques mois auparavant, l’UFC-Que Choisir avait déjà alerté en mettant en avant les nombreuses erreurs constatées dans les diagnostics.
71 % des DPE seraient erronés selon une étude
Dans sa récente étude, c’est au tour d’Hello Watt de mettre en exergue des différences notables entre la consommation estimée par le DPE et la consommation effective, dans certains logements. Selon la plateforme en ligne dédiée à l’optimisation de la consommation d’énergie, sur les 200 logements étudiés, 71 % des DPE seraient inexacts. De quoi raviver la colère des propriétaires qui risquent d’être prochainement exclus du marché de la location ou peinent à vendre leur bien mal noté, en raison d’un mauvais classement. Dans les deux prochaines années, 2 millions de logements seront exclus du marché locatif, suivi par 11 millions de biens d’ici à 2034, sur la base d’un diagnostic dont la fiabilité est régulièrement mise à mal.
Consulté par La Dépêche, le président de l’Union nationale des propriétaires immobiliers (UNPI) Christophe Demerson s’est dit favorable à une réforme du calcul du DPE : « L’outil de mesure est injuste et faux, notamment sur les petites surfaces… mais pas que. Par exemple, dans un appartement, même si vous changez les radiateurs ‘grille-pain’, par des modèles dernière génération, la note du DPE restera la même ».
Face aux problèmes de diagnostics pointés, près d’un tiers des propriétaires se disent prêts à outrepasser les interdictions, sans passer par des travaux de rénovation énergétique préconisés, dans le cadre de la vente de leur bien.
Un manque d’informations techniques à l’origine d’erreurs ?
Yannick Aimouche, président de la chambre des diagnostiqueurs immobiliers Fnaim, exprime un avis plus nuancé sur la question, considérant que le nouveau mode de calcul serait bien plus poussé depuis sa refonte de 2021 : « Le diagnostic intègre aujourd’hui une part plus importante des spécificités techniques du logement. Mais pour que le DPE soit fiable et objectif, il faut que le propriétaire nous communique plusieurs informations essentielles : type d’isolant, son épaisseur… ».
Même s’il n’exclut pas l’existence de mauvais diagnostiqueurs dans la profession, cet expert fait porter une partie de la responsabilité de ces dysfonctionnements sur les propriétaires qui ne seraient pas forcément en mesure de fournir certaines informations indispensables à l’élaboration d’un diagnostic cohérent : « Si nous ne disposons pas de certaines informations, on met un indice par défaut, ce qui dégrade la notation du bien. »