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60 Millions de consommateurs a réalisé 20 diagnostics de performance énergétique portant sur quatre maisons, en faisant appel à plusieurs diagnostiqueurs professionnels. Destinée à vérifier la fiabilité du nouveau DPE, cette enquête met en exergue de nombreuses erreurs. Un problème de taille pour un diagnostic plus contraignant et désormais opposable.
De nouvelles contraintes pour les propriétaires
Faisant partie des diagnostics obligatoires en cas de vente ou de location de logement, le
diagnostic de performance énergétique (DPE) a fait l’objet d’une réforme importante en juillet 2021. Dans le cadre de cette modification, les propriétaires doivent notamment faire face à de nouvelles contraintes, censées lutter contre les « passoires thermiques », terme employé pour qualifier les logements classés F ou G (selon le DPE).
Mal isolés et particulièrement énergivores, ces biens ne pourront plus faire l’objet d’une augmentation de loyer à partir du 25 août. Par la suite, ils seront progressivement interdits à la location : dès 2025 pour les logements classés G et 2028 pour les logements classés F. Par ailleurs, s’ils désirent vendre leur bien, les propriétaires auront pour obligation d’effectuer un audit énergétique à partir du 1er septembre 2022.
Un diagnostic défaillant
Pour éprouver la fiabilité de ce nouveau DPE, l’association 60 Millions de consommateurs s’est associée aux propriétaires de quatre maisons, situées à Corbeil-Essonnes, Toulouse, dans la banlieue de Bordeaux et dans un petit village de Haute-Garonne. Pour réaliser les diagnostics, les propriétaires ont sollicité des diagnostiqueurs professionnels, à raison de 5 professionnels par logement. Pour l’aider dans son enquête, l’association a par ailleurs fait appel à un expert indépendant.
Les conclusions de cette série de diagnostics sont édifiantes : pour un même logement, les résultats peuvent grandement varier. À tel point que les diagnostics aboutissent systématiquement à une différence de deux lettres, voire 3 lettres pour les étiquettes énergies (notées de A à G). Des écarts qui posent évidemment question, d’autant que les erreurs relevées sont nombreuses : « erreur de superficie, portes ou fenêtres oubliées, isolation mal prise en compte, chauffage et production d’eau chaude mal évalués… »
Une formation insuffisante ?
Pointé du doigt par 60 Millions de consommateurs, ce manque de fiabilité s’avère particulièrement problématique dans la mesure où le DPE est devenu opposable, depuis la réforme de juillet 2021. En d’autres termes, ce diagnostic peut désormais être utilisé pour un recours devant la justice par un acheteur ou un locataire qui estimerait que le logement acheté ou loué a reçu un classement trop élevé par rapport à la réalité. S’il est mis en cause, le propriétaire peut lui-même se retourner vers le diagnostiqueur qui a effectué le DPE de son bien.
Pour Fanny Guilbert, journaliste pour le magazine 60 Millions de consommateurs, interrogée par France Info, la solution se situe au niveau de la formation, estimant qu’il « n’y en a pas assez qui ont bien fait leur boulot ». À noter que la plupart des formations réalisées par les diagnostiqueurs étaient antérieures à la réforme.