Le monde de l’immobilier retient son souffle. Il se murmure que le projet de loi de finances rectificative sur le pouvoir d’achat, qui doit être transmis au Parlement après les législatives, pourrait en effet inclure le gel de l’indice de référence des loyers (IRL), ce qui aboutirait de facto au blocage des loyers. Une perspective qui, si elle peut rassurer les locataires, est évidemment loin de réjouir les bailleurs.
Hausse importante de l’IRL
Pour rappel, l’IRL est fixé sur la base des prix à la consommation, dont elle suit l’évolution à la trace. Cela signifie qu’en contexte d’inflation, les bailleurs peuvent augmenter leurs loyers afin de se calquer sur cette évolution des prix. Selon l’Insee, cet indice de référence a d’ailleurs grimpé de 2,48 % pendant le premier trimestre 2021, en comparaison au premier trimestre 2022, après une hausse limitée à 0,09 % en 2020. Autant dire que la hausse actuelle, d’un niveau jamais vu depuis 2008, fait craindre le pire aux associations de défense des locataires.
Pour éviter la catastrophe, l’association Consommation logement cadre de vie (CLCV) demande un gel de loyers. Juriste à la CLVC, David Rodrigues prévient : « il faut une réaction la plus rapide possible. Autrement, les hausses de loyers sur un an risquent d’atteindre 3 %, 4 % ou même 5 % d’ici à la fin de l’année. » Une hausse importante face à laquelle les locataires vont rencontrer des difficultés selon l’intéressé, d’autant que les divers postes de dépenses des ménages sont également en augmentation.
David Rodrigues se veut toutefois optimiste, indiquant avoir « eu une oreille plus qu’attentive du ministre de l’Économie, Bruno Le Maire » durant une réunion organisée à Bercy en compagnie d’autres associations. Autre son de cloche du côté la Confédération nationale du logement (CNL) dont le président, Eddie Jacquemart, indique avoir déjà réclamé le gel des loyers en 2021 en pleine crise sanitaire. Une demande qui, à l’époque, n’avait toutefois pas trouvé de réponse favorable.
Blocage des loyers : entre craintes et alternatives
Du côté des bailleurs, le discours est tout autre. Face à une augmentation de la taxe foncière et à l’obligation de rénovation énergétique touchant certains biens, le risque est que les propriétaires n’aient pas « la capacité à investir », comme le craint Pierre Hautus, directeur général de l’Union nationale des propriétaires immobiliers (Unpi).
L’ombre d’un blocage des loyers fait également craindre le pire aux bailleurs sociaux. Pour Damien Robert, président d’In’li, filiale d’Action Logement, une telle mesure aurait « un impact gigantesque sur notre chiffre d’affaires ». Pour éviter tout risque, la CNL préconise une compensation par l’État de la perte des recettes des bailleurs sociaux. Anne-Sophie Grave, présidente du directoire de CDC Habitat recommande pour sa part une approche intermédiaire « entre gel et application intégrale de l’IRL », précisant que « les bailleurs sont attentifs à la politique de loyers qu’ils mènent pour, à la fois maintenir des comptes équilibrés et tenir compte des capacités de leurs locataires à supporter une hausse de leurs loyers ».